Revue de Presse Panafricaine -Jeune Afrique: »Nitdoff », » le Peuple Sénégalais a arraché sa Liberté »-Interview 2ème Partie)

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« Le Titre,le Surtitre,les ajouts sont de « Médias Miroir-Paris ».(…)-Emprisonné sous l’ex président Macky Sall,libéré en février dernier,le rappeur sénégalais de notoriété Nitdoff livre son analyse sur l’élection présidentielle sénégalaise.Selon des indiscrétions,le patronyme « Nitdoff » en langue sénégalaise « Wolof » signifie péjorativement » débile » »Crazy » en dénotation anglo-saxonne…

-Voici la 2ème Partie de l’interview dans laquelle l’artiste rappeur engagé revient sur son interpellation et son incarcération.

4-« Jeune Afrique »: Le 18 Janvier 2023,avez-vous été surpris lorsque la Police est venue vous interpeller pour « fausses nouvelles,outrages à magistrats et menaces de mort »?

-« Nitdoff »:J’étais préparé depuis des années par le durcissement du régime contre la Liberté d’expression et les avertissements que je recevais.Je n’accepterai jamais le fait d’être arrêté pour avoir exprimé mon opinion.J’ai donc refusé de fuir ou de me taire.S’ils voulaient m’arrêter,ils n’avaient qu’à le faire…J’ai continué mes Live Facebook,en sachant qu’une ou plusieurs de mes phrases pourraient être retenues par un juge.

5-« Jeune Afrique »:Comment se sont passés ces 8 premiers mois de détention?

-« Nitdoff »:C’était de la merde!J’étais en colère contre cette injustice car je n’accepte pas d’être bâillonné comme un esclave.La situation me rongeait,mais je n’avais pas le droit de flancher.J’avais un rôle de Leader à jouer.Je devais être fort malgré le fait qu’en 8 mois je n’ai eu mes enfants qu’une seule fois au téléphone et que je n’avais qu’une envie pleurer.
Mais je devais aider ces jeunes dont la plupart n’avaient rien fait à vivre la prison dignement.Ils ont été victimes de la rafle de l’état qui avait besoin de légitimer sa dérive sécuritaire en sacrifiant beaucoup de citoyens.Dans ma cellule, j’avais un élève de Podor arrêté avec son ordinateur alors qu’il soutenait Macky,un jeune autiste qui allait acheter le pain,un autre qui allait à la pharmacie…J’en veux vraiment à l’ancien gouvernement pour les souffrances qu’ils nous a infligées de façon totalement arbitraire.

6-« Jeune Afrique »:Quelles étaient les conditions à la Prison de Rebeuss?

-« Nitdoff »:C’est l’enfer!De petites chambres remplies de 200 personnes pour une capacité de 20,des maladies,des boutons,des coupures d’eau,une chaleur infernale…Ce n’est pas une prison,c’est pire que tout.Et ce sont des sénégalais qui le font vivre à d’autres sénégalais…Les gardiens avaient du mal à gérer l’afflux de prisonniers et la surpopulation carcérale.Heureusement,une vraie solidarité existe entre les détenus.On a mis en place un soutien financier et alimentaire dans les cellules mais personne ne mérite de vivre ça.

7-« Jeune Afrique »:En Octobre,vous êtes ressorti de prison pour quelques semaines.Racontez-nous cet épisode.

-« Nitdoff »:Je me sentais coupable de sortir seul.C’était juste l’occasion pour moi de continuer le combat dehors en parlant des détenus politiques.Lutteurs,footballeurs,lobbys,maraboutiques… Je leur ai dit ce que je pensais de leur passivité.J’étais optimiste car je sentais que le peuple était avec Ousmane Sonko.Lorsque le conseil constitutionnel a refusé sa candidature,j’ai été arrêté à nouveau,j’ai vraiment cru qu’aucun candidat Pastef ne pourrait se présenter,comme dans une dictature.

-Nous y reviendrons dans une 3ème et dernière Partie.